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Résumé apocalyptique

L'Apocalypse a été créée en 2011 par Jean-Christophe Menu après son départ de L'Association qu'il a créée et dirigée pendant vingt ans. Le premier livre, Susceptible de Geneviève Castrée, paraît en août 2012. JcMenu est entouré d'Etienne Robial, créateur des éditions Futuropolis (le vrai, l'unique), conseiller en tous domaines, et de Clément Paurd, collaborateur en tous domaines. Dix-sept livres s'enchaînent jusqu'en janvier 2014, créant un catalogue tant singulier qu'intransigeant. La publication du Billy the kid de Willem, président de l'édition 2014 du festival d'Angoulême, et l'attribution du prix "révélation" au Livre de Léviathan de Peter Blegvad à ce même festival, marquent le point d'orgue de la première période de l'Apocalypse, par ailleurs frappée par les difficultés. Ce site, qui a manqué à la première période, sera le tremplin pour la future deuxième époque : outre la vente en ligne des titres du catalogue de l'Apocalypse, on pourra y trouver des ouvrages hors circuit à tirage limité. 

 

Éditorial du catalogue 2012-2013

“Éditeur indépendant”, ça fait longtemps que ça n’a plus aucun sens. “Alternatif” ? Mais à quoi ? à quoi bon ? “Roman graphique” : qu’est-ce que ça veut dire ? Quelle supercherie ! Et la bande dessinée, toute seule dans sa bulle, ras-le-bocal.

Une fois qu’on a admis tout ça, on fait quoi ? 

Créer un espace. Réfléchir à une spécificité possible, en dehors de toute promiscuité. Quand tout et n’importe quoi se retrouve sur les mêmes étalages, petits, gros ; intègres, corrompus ; inventeurs, copieurs, l’Histoire n’a plus de sens, et on ne va pas se positionner par rapport à un flux. Sauf à laisser sur le sable les coquillages d’entre tous les coquillages, ceux qu’on choisit, enfant, à marée basse.

Si vingt ans de luttes pour révolutionner la bande dessinée n’ont pu aboutir à autre chose qu’à un nouveau standard et à de nouvelles autocaricatures, c’est que ce combat est terminé. Ce qui manquait à la sphère de la bande dessinée a été comblé, ou bien ses manques se feront de nouveau en cachette. Il faut maintenant que cette sphère vole de ses propres ailes et copule joyeusement avec les autres sphères d’expression. 

L’Apocalypse a beau venir de la bande dessinée, elle aura pour mot d’ordre d’aller voir partout. Ce qui ne veut pas dire auberge espagnole, ni “transversalité” convenue. L’Apocalypse sera son propre Cabinet de curiosités, et son autogestation ne suivra aucun rythme alentour. Et la moindre des choses, c’est que le résultat ne soit attendu par personne.

Quand Topor réunit ses aphorismes du Pense-Bêtes et les accompagne de dessins en contrepoint, on se trouve dans une définition élargie de la bande dessinée, proche du rébus. On ne demande que ça. Quand Delfeil de Ton est le premier à parler de Bazooka dans le Nouvel Observateur en 1977, on republie. Mais pas que pour ça. La Montagne de sucre de Sandrine Martin ou Céphalées de Renée French sont à la fois des suites de dessins indépendants et des bandes dessinées. On jubile. Barthélémy Schwartz, avec Le Rêveur captif, confronte les principes surréalistes et situationnistes à la bande dessinée. Il était temps. Toutes les bandes dessinées du catalogue de l’Apocalypse réinventent leur propre langage.

Un livre est le résultat miraculeux d’un ensemble de signes et d’une technique de reproduction. Quand ces signes savent articuler le mot et le dessin et cette technique les restituer au mieux pour le bonheur du feuilletage des doigts, on est en présence d’une civilisation évoluée qui ne devrait pas craindre le moindre octet. 

L’Apocalypse est une ode à l’objet analogique. Jusqu'à preuve du contraire, un livre est en papier. Et ici, en beaux papiers, avec des matières inédites, des expérimentations tactiles, et la certitude que tout ça ne laisse pas encore tout le monde insensible.

Elle est belle la marée basse. Merci la Lune. Le Manifeste, c’est cette douzaine de coquillages semés en quelques mois. Un catalogue en devenir, c’est quelques atomes incongrus jetés à la gueule du rien : des molécules en devinette. 

Un puzzle ne doit jamais être terminé.


JcMenu, janvier 2013

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